On a connu des quêtes moins risquées : extraire le groove d'un quatuor à cordes, ensemble cardinal de la musique de chambre depuis trois siècles, fallait oser. C'est le Graal pourchassé
par les Enfants d'Icare, sans crainte de s'y brûler les ailes. Boris Lamérand (violon), Antoine Delprat (violon), Olive Perrusson (alto) et Octavio Angarita (violoncelle) s'y emploient avec une
érudition forgée dans des parcours jazz, rock, classique ou folk, avec une armée de références – Bartók, Messiaen, Dutilleux, Coltrane et Zappa, dans le désordre des styles que le groupe digère.
Un menu où figurent aussi des accents irlandais et balkaniques, le bluegrass nord-américain et l'influence du Turtle Island Quartet ou de Dominique Pifarély. Soit un arsenal de techniques folles
: en plus d'être frottées en harmonie, les cordes y sont frappées (slapping avec l'archet) et pincées (pizzicato avec les doigts), manipulées comme jamais, au point de sonner comme le n'goni
malien, le cymbalum tsigane ou une cocotte de guitare funk. Du rythme ! Puis, on oublie les prouesses pour mieux s'abandonner dans Hum-Ma, un album qui déroule onze pièces instrumentales mais
narratives, où sont évoquées les violences faites aux femmes, l'altération des souvenirs ou la fin du monde. En concert, le même vertige s'empare du public à l'écoute des compositions
sophistiquées de Boris Lamérand, des improvisations collectives et de l'ardeur des solistes, l'ensemble contribuant à jeter un pont du baroque au jazz modal. Dans un paysage musical saturé de
bavardages, les Enfants d'Icare inventent un langage qui tranche, dont les cordent vibrent en nous.
Eric DELHAYE
Les Enfants d'Icare se sont produits pour la première fois sur la scène du Baiser Salé en janvier 2017, en première
partie de Theorem of Joy.
Le quatuor a été en résidence #Jazzdedemain au Baiser Salé pour deux saisons de 2017 à 2019. Ce fut l'occasion
pour le quartet de collaborer avec des artistes passionnants tels que le contrebassiste Chris Jennings,
la chanteuse Léa Castro, Marion Rampal, le violoniste Dominique Pifarély ou encore la pianiste/compositrice
Carine Bonnefoy. Le quatuor a été invité à se joindre à plusieurs projets annexes: Theorem of joy, Ophélia (Ellinoa) ou
David Neerman.
Le quatuor a été pré-sélectioné deux fois pour JAZZ MIGRATION (#5 et#7) et s’est depuis produit dans de nombreuses
salles et festivals (Rocher de Palmer, Cité de la Musique, D’jazz Nevers festival, Constellations (La Villette)...
En résidence au Triton en mars 2020, le quatuor sort son premier opus 'Hum-Ma' le 27 mars 2020.
En résidence de création avec le soutien de Jazz Migration #7, en septembre 2021 et fevrier 2022, le quatuor prépare
actuellement son 2eme opus.